C’est lundi – c’est comme une bombe dans l’cérébral. Faut que ca enquille, que ca dépote, que ca fuse – qu’la semaine enchaine comme les pensées acerbes, abruptes, abstèmes. J’la veux cinglante cette succession d’sept jours précis ; j’la veux violente et empirique, spot on et ironique. M’esclaffer jaune et que l’onde en tremble dans les nuits troubles. Amsterdam ma si douce, c’début d’automne je vais t’éreinter, te dézinguer. Te consumer.
Dark je commencerai à la galerie Toon et au milieu des clichés glauques et sublimes de Christel Mitchell, j’déambulerai.
Slightly nostalgique en ce lundi, rien n’est moins sur – pourtant je sais qu’au fond de moi
un petit bout de mon coeur d’gamine rêverait [honteusement ?] de s’pointer au Paradiso pour rendre hommage à Bono…
Demain soir, Cassel, La Haine et mes souvenirs adolescents : ca va, on reste dans le thème.
Un rock indé qui déferle depuis sa Brooklyn natale et fait bruisser dans mon esprit enfiévré le beat strident de l’urgence et de la fuite : les sulfureux DIIV au Paradiso, à ne pas manquer.
Amsterdam – Zagreb – Utopia : une soirée consacrée à l’urbanisme dans un joli cinéma sur le canal – plus précisément à cette distortion entre l’utopie et la réalité du paysage urbain, la menace d’une ville disloquée, chaotique, dystopique qui inspire les cinéastes – cet événement est en néerlandais, et siéra parfaitement à mon fatalisme latent.
Tel Gepetto, il mouvait ses sculptures d’un supplément d’âme : Jean Tinguely, créateur fou à l’esprit dada, inventeur de machines à dessiner, artiste mécano dans tous les sens du terme, sera à l’honneur au Stedelijk museum à partir de jeudi.
Jeudi soir toujours, pour lancer le week-end, y aura l’embarras du choix : du Klezmer dans un repère iranien chatoyant, un classique du 7eme art mexicain dans un squat dédié au cinéma (mais vous avez intérêt à maitriser l’hispano-dutch…) ou la petite bombe britannique Låpsley au Melkweg – seulement si un brin de douceur ne déclenche pas en vous des crises d’urticaire.
J’vous ai habitué aux week-ends à buller, à s’évader, à chiner dans la quiétude aquatique. J’en ai encore à la pelle des suggestions rose-bonbon, tout droit sorties de mon p’tit monde insulaire, imaginaire et sans vague : un bateau de pirates comme un rêve peint en bleu qui se met à la fête, San Proper sous une serre bien gentiment hippie ; du swing en mode électro dans une mignonette salle du Nord ; le mensuel Ij-Hallen – plus grand marché aux puces d’Europe pour mes férus de frippes ; le navire-ivre du Nemo qui ouvre gratuitement ses portes à la science ce week-end (principalement en néerlandais…) ; un squat d’artistes foufous, encore assez peu connu, à visiter en sourires et en musique ; un jardin enchanté qui organise des jeux et de quoi s’en mettre plein la panse pour lutter contre le gaspillage alimentaire ; des rythmes cubains pour s’emballer chez Hannekes ; un sauna bien impudique et tant aimé pour enfin finir la semaine ou encore les sonorités relaxantes des joueurs de Hang Massive en tournée sur Amsterdam (et au fait si vous n’avez jamais entendu parlé de ce très recherché instrument, c’est par là..)
Début octobre, moi, j’veux rien d’tout ca. J’me la jouerai solo – ciao bella – et pour ne plus m’vautrer dans la candeur, j’serai même prête à pousser les portes immondes du Heineken Music Hall (c’est dire!), arrimer ma carcasse froide et brinquebalante au rythme des notes sourdes de Moderat, et me complaire impassible dans mon indifférence.