Semaine du 26 septembre au 2 octobre

C’est lundi – c’est comme une bombe dans l’cérébral. Faut que ca enquille, que ca dépote, que ca fuse – qu’la semaine enchaine comme les pensées acerbes, abruptes, abstèmes. J’la veux cinglante cette succession d’sept jours précis ; j’la veux violente et empirique, spot on et ironique. M’esclaffer jaune et que l’onde en tremble dans les nuits troubles. Amsterdam ma si douce, c’début d’automne je vais t’éreinter, te dézinguer. Te consumer.

Christel Mitchell - sheDark je commencerai à la galerie Toon et au milieu des clichés glauques et sublimes de Christel Mitchell, j’déambulerai.
Slightly nostalgique en ce lundi, rien n’est moins sur – pourtant je sais qu’au fond de moi
un petit bout de mon coeur d’gamine rêverait [honteusement ?] de s’pointer au Paradiso pour rendre hommage à Bono

Demain soir, Cassel, La Haine et mes souvenirs adolescents : ca va, on reste dans le thème.
Un rock indé qui déferle depuis sa Brooklyn natale et fait bruisser dans mon esprit enfiévré le beat strident de l’urgence et de la fuite : les sulfureux DIIV au Paradiso, à ne pas manquer.

Amsterdam – Zagreb – Utopia : une soirée consacrée à l’urbanisme dans un joli cinéma sur le canal – plus précisément à cette distortion entre l’utopie et la réalité du paysage urbain, la menace d’une ville disloquée, chaotique, dystopique qui inspire les cinéastes – cet événement est en néerlandais, et siéra parfaitement à mon fatalisme latent.

Tel Gepetto, il mouvait ses sculptures d’un supplément d’âme : Jean Tinguely, créateur fou à l’esprit dada, inventeur de machines à dessiner, artiste mécano dans tous les sens du terme, sera à l’honneur au Stedelijk museum à partir de jeudi.
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Jeudi soir toujours, pour lancer le week-end, y aura l’embarras du choix : du Klezmer dans un repère iranien chatoyant, un classique du 7eme art mexicain dans un squat dédié au cinéma (mais vous avez intérêt à maitriser l’hispano-dutch…) ou la petite bombe britannique Låpsley au Melkweg – seulement si un brin de douceur ne déclenche pas en vous des crises d’urticaire.


J’vous ai habitué aux week-ends à buller, à s’évader, à chiner dans la quiétude aquatique. J’en ai encore à la pelle des suggestions rose-bonbon, tout droit sorties de mon p’tit monde insulaire, imaginaire et sans vague : un bateau de pirates comme un rêve peint en bleu qui se met à la fête, San Proper sous une serre bien gentiment hippie ; du swing en mode électro dans une mignonette salle du Nord ; le mensuel Ij-Hallen – plus grand marché aux puces d’Europe pour mes férus de frippes ; le navire-ivre du Nemo qui ouvre gratuitement ses portes à la science ce week-end (principalement en néerlandais…) ; un squat d’artistes foufous, encore assez peu connu, à visiter en sourires et en musique ; un jardin enchanté qui organise des jeux et de quoi s’en mettre plein la panse pour lutter contre le gaspillage alimentaire ; des rythmes cubains pour s’emballer chez Hannekes ; un sauna bien impudique et tant aimé pour enfin finir la semaine ou encore les sonorités relaxantes des joueurs de Hang Massive en tournée sur Amsterdam (et au fait si vous n’avez jamais entendu parlé de ce très recherché instrument, c’est par là..)

Début octobre, moi, j’veux rien d’tout ca. J’me la jouerai solo – ciao bella – et pour ne plus m’vautrer dans la candeur, j’serai même prête à pousser les portes immondes du Heineken Music Hall (c’est dire!), arrimer ma carcasse froide et brinquebalante au rythme des notes sourdes de Moderat, et me complaire impassible dans mon indifférence.

 

Week-end du 2 au 4 septembre

 

Anne court après le temps – les minutes, les heures de sommeil grapillées entre 150 vélos, deux cours, dix articles et une expo pourquoi pas. Anne court – elle ne grimpe plus, elle ne danse plus. Elle voltige peut être, dans ses rêves ou derrière la rentrée, elle volette, après les résas, les plannings et les projets. Elle voltige et ferme les yeux sur des songeries de voyages et de contrées lointaines quand ses canaux imperceptiblement se fardent de la brume automnale, déjà. Septembre – et les eaux scintillantes se referment.

Alors ce sera une version courte des suggestions du week-end, sachant qu’elle si elle avait tout son temps, elle le passerait probablement à dormir.

A défaut de pouvoir rockabiller dans une île du Nord des Pays Bas ce week-end, j’investiguerais bien le festival de danse, de théâtre, de mimes et de musique Fringe Festival qui aura lieu jusqu’au 11 septembre dans toute la ville.

Vendredi, à choisir ce serait soit une expo de photos  »Face the Dutch » dans les jolies halles de l’Ouest, du reggae ce soir dans mon bien aimé Noorderlicht, ou une dernière nuit d’été à me perdre dans les ondes électros.

Samedi pour commencer peut être, un atelier sur les odeurs d’Amsterdam, son paysage olfactif, sa cartographie sensible (en anglais). Mon quartier vraiment préféré en fête, si vous souhaitez vous imprégner de l’Est de la ville et arpenter la si vibrante Javastraat. L’école de français en musique pour la rentrée, premiers à l’initiative de la venue du chanteur Cyprès ce week-end ; du tango – même pour les amateurs ; une soirée aux rythmes persans dans mon repère du Mezrab ou un gros festival dans le Sud pour les plus enfiévrés d’entre vous.

Dimanche pour bien commencer, et pourquoi pas un petit moment de détente (saunas, hot tub et jaccuzzi) avec vue et musique depuis la terrasse du Volkshotel ? Une rencontre avec Wim Wenders à l’Eye (anglais) dans le cadre de l’exposition Robby Müller ou l’art digital à l’honneur au musée d’Art contemporain ? Sinon plus à l’Ouest y aura des gourmands et de la musique dans un club qui pour l’occasion se rendra diurne. Et au Winkel que je recommande 1000 fois par jour pour ses meilleures  »appeltaart » de la ville, il y aura une ambiance cubana ce dimanche… Mais moi j’irais plutôt au Nord, pour mon rendez-vous impudique et en folk musique du Saunakaravaan au café De Ruimte.

blond september
Bon week-end à tous, et à lundi … 😉

Semaine du 22 au 28 août

© Marielle Loussot
© Marielle Loussot

 

 

 

 

Alors que l’été touche à sa fin, il s’agit d’oublier la rentrée qui s’annonce à pas feutrés.
En cette dernière semaine d’août, la ville toute entière semble s’être donnée le mot pour tenter de nous faire basculer dans l’amnésie.

Y aura à boire et à manger, du sérieux et des folies. Venez, on s’offre une dernière resucée d’été…


On commence avec du cinéma :
*dans le Vondelpark ce jeudi, un thriller néerlandais qui se déroule dans les canaux d’Amsterdam, rien de tel pour votre intégration !
*Plus chauvin, The Artist projeté dans la cour du Musée de l’Histoire de la ville.
*Au Dok mardi et mercredi dans le port et les pieds dans le sable, American Beauty et Berlin Calling.
*Pour les néerlandophones, une soirée dépaysante ce mercredi aussi, au Museum Het Schip : une projection gratuite de Wan Pipel, un film néerlando-surinamien de 1976, qui sera accompagnée de petits encas exotiques et d’un tour dans ce superbe bâtiment de l’Ecole d’Amsterdam.
* Bucolique, dans la ferme urbaine de la Buurtboerderij ce jeudi, un grand classique du 7eme art français La Piscine, avec Alain Delon, Romy Schneider et les bons p’tits plats concoctés pour 3 sous !

Y aura de l’art et de la réflexion.
* La dernière semaine du grand festival de théâtre et de mimes De Parade, dans le parc Martin Luther King. En cliquant sur le lien ci-dessus, vous trouverez l’ensemble du (vaste) programme, le logo LNP indique les performances accessibles au public non néerlandophones.
*
une soirée-rencontre avec un rédacteur du magazine SOFA dans la librairie anglaise de Spui ce jeudi.
* un vernissage coloré, joyeux, exubérant au musée d’art contemporain ce jeudi également, avec de la danse, de la musique et du design à l’honneur.
* une exposition ce samedi, dans une petite galerie de l’Est. L’artiste invité cette semaine est le tout jeune Thomas Swinkels, et sa création s’appelle I can’t live in a living-room.
* connaissez-vous le kokedama ? Non ? Samedi il sera temps de vous initier à cette technique de  »plantation d’intérieur » lors d’un atelier au Hoxton.
kokedama* une exposition qui explore la relation post-coloniale et traumatique entre les Pays-Bas et l’Afrique du Sud, ce sera dimanche à Framer Framed.

Plein de petits marchés sortiront leurs stands :
* le régulier Amsterdams Mont Martre, petit marché aux puces du vendredi dans un quartier plutôt chic.
* le vide-grenier annuel de Mediamatic. Ca sonne comme un bon plan : ils bradent leur matériel informatique et plein d’autres choses.
* Malheureusement ce vendredi marquera le dernier marché du soir dans le festif bar du Roest. Frippes et artistes s’y réuniront pour en faire une édition de folie !
* Du vintage dans le sud, et dans l’ouest pour les amateurs ce week-end.
* Do It Yourself ! Plein d’ateliers et de workshops ce dimanche dans l’ouest.

Des improbables seront aussi à l’affiche, comme du yoga dans une galerie d’art, du lindy-hop et du vélo dans un parc, une dégustation de vin (parce que oui, au pays de la bière ca reste un improbable), du ping-pong en musique dans un ancien bunker et surtout, surtout, un toboggan géant improvisé dans le tunnel sous le fleuve Ij.

Il y aura bien sur aussi des concerts, des festivals et des belles soirées…
Concerts. * Au Paradiso ce lundi, The Internet régaleront les fans de R&B. *Une wave punk et amstellodamoise avec la sortie de l’album de St Tropez au OT301 ce vendredi. * Space is the Place, et de l’électro douce qui se mêle aux notes d’une guitare, d’un violon et d’un trombone ce vendredi également dans mon repère chéri du Ruimte.

Grosses soirées pour mes oiseaux de nuit qui veulent rentrer à l’aube. * une soirée house-techno dans un hangar du Nord samedi. * Et toujours des belles lines-up au School vendredi, samedi et dimanche pour pimenter vos nuits d’été. * Toujours bon à savoir, le magazine culturel Overdose.am actualise chaque semaine leur rubrique Worth your Damn Hangover pour les plus clubbers d’entre vous.
Petites soirées chouettos dans des lieux étonnants : Tunes in The Shrub ce mercredi au Café Struik, en saveurs et en musique. * Dernier round au bar Dogma, pour un dernier BBQ estival au bord de l’Ij. *Jeudi, réouverture festive du café associatif et politique Dokhuis, où vous pourrez même savourez pour quelques euros des bons petits plats maisons et de la chouette musique. * Vous avez toujours rêvé d’être un pirate ? Passez à l’abordage vendredi de La Nef des Fous, ce bateau tout bleu et plein de surprises amarré sur NDSM. * les expats s’amusent et regardent passer les bateaux, vendredi.
Festivals – une sacrée tripotée qui s’annoncent cette semaine, dans des styles plutôt variés :
* Le Jordaan en fête pour l’annuelle fête de quartier dans les canaux tout le week-end !
* De la nature, de la pop, du rock et des documentaires dans le bois d’Amsterdam.
* Plus fancy, plus très onéreux, un festival en dehors de la ville pour qui voudrait se mettre au vert.
* Encore du vert, et de la techno pour le retour du grand Mysteryland à Hoofdorp.
* Du reggae sur l’eau, dans le Gaasperpark.
* Le dernier week-end des Zomercircus ce week-end dans le port.
* Dans l’un de mes repères du Nord, la petite oasis verte et autosuffisante du Ceuvel, des histoires racontées, des brass bands, des DJs, des philosophes, de la comédie, des ateliers en tous genres et beaucoup beaucoup de bon temps !
* Dans un village hippie niché au fin fond du port, un samedi à thème peinture et bières.
* Et enfin une parade de bateaux avec plein de gens créatifs à bord pour un dimanche artistique.

Bonne fin d’été à tous !

 

 

 

 

 

Semaine du 13 au 19 juin

http://adieu-et-a-demain.fr
 »Je ne vais pas crier. Je ne vais pas hurler. Je ne vais pas avoir l’injure facile et le verbe difficile. Je ne veux pas défendre, expliquer, condamner, juger, frapper. Je veux danser. Juste danser. Laissez-moi danser. #orlando »

 »Ik wil alleen maar zwemmen »* chantait Spinvis en 2006.
*Je ne veux que nager.

 

Toutes les semaines, je vous égrène un chapelet de réjouissances dans mon p’tit coin de paradis.
C’est chouette, sans aucun doute. Certains jours pourtant, ma petite bulle me semble étroite et bien vaine, alors que les flots inflexibles de l’actualité reflète un autre monde, bien réel celui là, plein de haine, de fureur et de sang.

 

Nous sommes le 13 juin 2016, et c’est le coeur un peu lourd que je ne veux que danser.
Aimer.
Et croire.

 

 

Alors du coup je ne sais pas trop comment le commencer cet article, voyez-vous.

Nager, danser – sombrer, s’envoler. Plonger dans l’ambre liquide brassée à quelques encablures, ou pourquoi pas m’enivrer du rouge de mon pays d’enfance et sourire comme une gamine chez Glouglou… Oui pourquoi pas, si cela aide à croire ? Et puis insolemment croquer le bonheur à pleines dents et engloutir minutieusement chaque miettes des douceurs de chez Van Stapele, l’adresse incontournable des gourmands hollandais.

Je vais aimer. Les portraits sensuels de Helmut Newton qui me foutent des frissons : le FOAM-musée de la photographie organise sa rétrospective et le vernissage sera jeudi à partir de 17h. Je vais aimer me faire peur et me pelotonner dans les bras de mes copains à la galerie W139 où sera projeté jeudi soir un film d’horreur encore secret… Je vais aimer me promener dans les jardins ouverts au public de la superbe maison-musée Van Loon ce week-end ; aimer claquer ma paye en chinant sans compter sur le plus grand marché aux puces d’Europe ou sur un petit marché de designers en plein centre ce dimanche. Je vais aimer, je vais vibrer je crois, en allant voir Les Ogres de Lea Fehner dans un petit ciné indé dont Amsterdam a le secret. Je vais aimer me cultiver : découvrir Banksy dans la Bourse d’Amsterdam et l’Histoire du street art en général ; repenser la société (qu’a bien besoin d’un décrassage !) et l’idée même de résistance grâce à une expo des élèves de master du Sandberg Institut.

Je vais aimer, je vais vibrer, je vais danser je vous le disais. Je vais kiffer plus que jamais la texture des notes qui m’atteignent en plein coeur, le plaisir des foules qui s’étourdissent ensemble dans une proximité qu’aucun fou à lier ne saura faire exploser, jamais.
Des notes il y en aura en pagaille. Oniriques ce mercredi au School ; festives dans une friche artistique du centre qui célèbre ses 5 ans ; furieuses, punk et garageuses dans une micro-brasserie ; vertes et bon enfant dans un quartier sur l’eau ; aériennes – en terrasse pour fêter le solstice ; classiques et très secrètes, accompagnées de danse et de quelques histoires (si vous êtes néerlandophones) ; françaises ce dimanche, en l’honneur de notre nationale Fête de la Musique ; et surtout, surtout cathartiques ce dimanche à la nuit tombée, à la croisée de tous les genres et diablement entrainantes – parce que cette semaine plus que jamais il faudra rentrer dans la danse effrénée, faire grossir cette bulle de quiétude, grossir grossir grossir… et qu’elle enveloppe le monde entier.

Aimez, dansez.